MediEvil 2 – PS1/PSX
Certains héros ne font pas de vieux os, paraît-il. Sir Daniel Fortesque n’est pas de ceux-là. Après avoir pourfendu le lâche sorcier Lord Zarok dans la contrée imaginaire de Gallowmere, le squelette en armure rempile pour une nouvelle aventure en plein Londres du XIXe siècle, qui connaît les mêmes tourments que la petite contrée au XIVe. Pas le temps de se reposer, Daniel Fortesque repart chasser le mage noir, équipé de nouvelles armes et accompagné de nouveaux alliés.
Sorti en 1998, MediEvil fut une de ces réussites de la Playstation qui marqua les geeks de l’époque. Une nouvelle fois, Sony prit en main les rênes du développement, via la SCE Studio Cambridge, ainsi que l’édition du jeu à travers le monde. Avec 800.000 unités vendues, MediEvil fut un immense succès commercial, et son héros, Sir Daniel Fortesque, devint une des icônes de la console de Sony.
Il aurait donc été dommage d’abandonner la licence en si bon chemin. C’est pourquoi, seulement deux ans après le premier opus, on vit débarquer un MediEvil 2, apparemment bien ficelé et pas piqué des vers. Un nouvel opus aussi bon que le premier ? Retro-Games.fr s’est lancé dans le test.
Sir Daniel Fortesque : Trois vies pour un seul homme
Il y a des héros que l’on arrive à retenir facilement, à cause de leur succès comme de leur charisme : les plombiers italiens, les hérissons bleus et autres squelettes amusants dont Daniel Fortesque est le digne représentant.
Il faut croire que les dieux eux-même l’aiment bien : mort une première fois sur le champ de bataille, il revient un siècle plus tard pour défendre à nouveaux les vallées de Gallowmere. Et il a tellement bien fait son boulot qu’il va devoir rempiler, après une longue sieste de 500 anset de nombreuses beuveries au Hall des Héros où il a dignement gagné sa place.
Il faut dire que d’autres ont également la nostalgie des temps passés, puisqu’un gros magnat de la nouvelle bourgeoisie londonienne, Lord Palethorn, déjà plein-aux-as, ne trouve rien de mieux à faire que retrouver le grimoire de Zarok, histoire de mettre la capitale anglaise sans-dessus-dessous. Comme ça. Pour le plaisir.
On appréciera néanmoins cette volonté de mettre en scène Dan Fortesque dans un cadre cette fois-ci « réel », en jouant avec les évènements survenus à cette époque et les lieux du Londres industriel : le développement de l’astronomie à Greenwich, le quartier pauvre de Whitechapel et son célèbre Jack l’Eventreur, l’affirmation de l’industrie et des scientifiques fous… Des détails qui changeront assurément les habitudes et l’équipement de notre squelette en armure fraîchement revenu à la vie.
Epées, massues, arbalètes… et Gatling
Chevalier de formation, le sieur Fortesque va évidemment débuter son aventure épée à la main, en reprenant ses habitudes de tranchage de zombie selon les règles de l’art. Mais son arrivée dans une époque industrielle, et surtout sa rencontre avec le professeur Hamilton Kift, inventeur fou de son état, vont doter notre héros de nombreuses armes plus récentes, et bien souvent plus efficaces.
Pistolet, fusil tromblon, bombe ou encore mitrailleuse Gatling, des armes que Fortesque découvre, mais ne met que peu de temps à savoir manier… On soulignera l’innovation au niveau du gameplay des armes, qui consiste en un raccourci manette pour alterner entre deux armes. Une nouveauté bien agréable, quant il s’agit d’alterner arme de poing et de jet sans avoir à retourner à chaque reprise dans le menu.
Avec un level design à peine amélioré mais toujours aussi riche, et un graphisme globalement correct, on retrouvera volontiers l’esprit qui a fait le succès du premier MediEvil : une bonne dose d’humour, des aspects sombres et noirs, des niveaux variés et de nombreux ennemis. Quelques-un de ces derniers, présents dans le premier opus, reviennent d’ailleurs dans MediEvil 2 : les citrouilles humanoïdes, les démons des ténèbres, ainsi, qu’évidemment, les hordes de zombies.
Daniel se trouvera d’ailleurs de nouveaux alliés de choix : le professeur Hamilton Kift qui lui fournira des armes pour chaque Calice des Âmes rapporté, le jeune fantôme Winston qui vous apportera des infos dans les niveaux et vous permettra de sauvegarder, et Kiya, belle princesse égyptienne momifiée, dont la taille vidée de ses entrailles fera tourner le crâne vide de Fortesque. A juste raison, d’ailleurs.
Londres au XIXe, c’est pas du pudding !
Venons-en au cœur du jeu. Medievil 2 garde au final de nombreux éléments du gameplay de son prédécesseur : Fortesque marche, court, saute, tranche, fait de grandes accélérations grâce à la super-charge (disponible dès le début du jeu cette fois-ci)… Et c’est à peu-près tout. Mais, au final, ça suffit largement.
Une petite nouveauté vient néanmoins s’ajouter : à partir de la moitié du jeu (dès le niveau Wulfrum Hall), vous pouvez utiliser les petites mains vertes « balladeuses », suivant le modèle de la Chose de la famille Adams, pour y placer votre crâne et visiter les petits recoins inaccessibles par votre grand corps squelettique en armure.
Cette capacité vous sera parfois plus que nécessaire pour progresser dans le niveau, mais également déceler quelques trésors cachés dans les niveaux précédant Wulfrum Hall : fontaines de vie, pièces, flacons. Une initiative amusante et originale, mais bien souvent énervante : les mains sont de véritables horreurs à diriger, et vous devrez bien souvent recommencer un grand nombre de fois le parcours imposé tant la course et les sauts sont difficiles à gérer…
Retenez donc bien les endroits où vous croiserez ces petites mains, afin de ne pas vous lancer dans un niveau qui ne contiendrait aucun secret à découvrir… Et souvenez-vous qu’il ne suffit pas de trouver un secret et sortir du niveau pour profiter du trésor découvert : il vous faudra terminer le level pour que la découverte soit prise en compte.
Le reste du jeu sera partagé entre exploration, ennemis et boss (pas toujours faciles !) à abattre et quelques énigmes pas piquées des vers à résoudre. On appréciera encore une fois la variété des niveaux et les tâches à accomplir en relation avec le thème du niveau : utiliser les sciences modernes dans le niveau de l’observatoire de Greenwich, détruire des vampires dans Wulfrum Hall, ou encore flairer la piste de Jack l’Éventreur dans le quartier de Whitechapel.
Une diversité de tâches et d’environnements qui font de MediEvil 2 une aventure jamais ennuyeuse. Mais bien moins facile que son précédent opus…
Une vie qui se fait rare pour le défunt Fortesque…
Ceux qui ont déjà joué à MediEvil 1 savent qu’il n’y a que deux moyens de regagner de la santé : ramasser les fioles et flacons de vie disséminés dans les niveaux, ou utiliser les fontaines de santé qui vous restaureront chacune l’équivalent de deux barres de vies.
Ces fontaines étaient probablement le principal moyen de retrouver la santé à travers les landes de Gallowmere. Et lorsque les derniers et ardus niveau du jeu drainaient plus de vie à Fortesque qu’il ne pouvait en récupérer, il suffisait de retourner dans les premiers niveaux pour rejoindre les fontaines de vie et retrouver la santé… Eh bien c’est fini.
Dans MediEvil 2, chaque fontaine de vie possède un usage unique. Une fois vidée, c’est pour toute la durée du jeu… Impossible donc de se rendre dans les premiers niveaux du jeu, plus faciles, pour récupérer de la santé (sauf si vous n’avez pas consommé le potentiel des fontaines).
Utilisez donc autant que possible les boucliers (puis l’armure dorée à la fin du jeu), ne foncez pas tête baissée face aux ennemis, surtout dans les derniers niveaux où vos adversaires sont très puissants, etne prenez pas de risques inutiles. Ou vous serez dans l’obligation de terminer les derniers niveaux du jeu avec une demi barre de vie… autrement dit, mission impossible.
Je place particulièrement l’attention sur les parties de plate-forme qui, à l’instar de MediEvil 1, sont le vrai point faible du jeu : caméra savonnette, textures parfois approximatives, distances difficiles à évaluer, et surtout un temps de latence très désagréable entre l’appui sur le bouton et l’action dans le jeu. N’oubliez pas que toute chute dans l’eau ou dans le vide entraînera la perte d’une barre de vie complète ! Vu le peu de santé disponible sur l’ensemble du jeu, il est plus qu’imprudent de risquer de perdre plusieurs barres de vies pour récupérer un sac de pièces… Et cela tout particulièrement avec les séquences de la main verte !
Malgré cette difficulté handicapante, MediEvil 2 reste, pour ma part, une vraie réussite. Le gameplay est agréable pour un jeu Playstation, mais c’est surtout l’univers et l’ambiance incomparables qui enchantent le joueur : humour, noirceur, ton décalé, phases angoissantes… Tout cela avec un scénario encore plus riche et ficelé que pour MediEvil 1, qui tiennent tout bon gamer en haleine du début à la fin… Parole de retro-geek !